Le prix Nobel de médecine et de physiologie a été attribué cette année au Suédois Svante Pääbo. Explorons son valeureux parcours et ses multiples réalisations !
“Le prix Nobel de médecine et de physiologie a été attribué ce lundi au Suédois Svante Pääbo, 67 ans, pour le séquençage complet du génome de l’homme de Néandertal et la fondation de la paléogénomique.”
– Journal Les Echos le 3 oct. 2022
Afin de comprendre le sujet abordé nous devons d’abord comprendre ce que signifie «La paléogénomique » ?
« Cette discipline est l’étude de l’ADN dégradé extrait de restes fossiles, grâce à elle nous avons accès à l’ADN de populations et d’espèces maintenant disparues. Svante Pääbo est le grand spécialiste de la paléogénomique humaine. »
Explique Évelyne Heyer (spécialiste en anthropologie génétique au Muséum national d’histoire naturelle)
SVANTE Passionné, doué et persévérant
Fils de la chimiste Estonienne Karin Pääbo et du biochimiste Suédois Sune Bergström prix Nobel de physiologie ou médecine en 1982, SVANTE PÄÄBO obtient son doctorat de l’université d’Uppsala en 1986.
Ses premiers travaux tournent autour de l’extraction d’ADN encore préservé dans des matériaux anciens.
Ensuite, il se penche sur la problématique de la contamination d’ADN ancien par de l’ADN actuel.
En 1994, Il publie des séquences d’ADN de mammouths vieux de 50 000 ans.
Deux ans plus tard, son équipe identifie le premier fragment d’ADN mitochondrial d’une forme éteinte d’humain ‘Néandertal’ et le compare à l’ADN d’humain actuel.
Cette découverte démontre que Néandertal est une espèce humaine différente de l’Homo sapiens et qui aurait divergé il y a 500 000 ans.
En 1997, il arrive à créer un centre de recherche en paléogénétique au sein de l’évolutionniste. Le centre est équipé d’une salle blanche dont Svante a pensé les moindres détails pour éviter toute contamination des échantillons prélevés par de l’ADN actuel.
En août 2002, le département de Pääbo publie des résultats de ses recherches à propos du « gène du langage » FOXP2. Ce gène qui est absent ou endommagé chez certaines personnes et qui présentent des difficultés voire des incapacités de langage.
En mars 2010, son équipe et lui annoncent l’identification d’une nouvelle espèce d’hominidé à partir de matériel génétique, l’hominidé de Denisova :
Il prouvera, quelque temps après, que 1 à 3 % d’ADN de Néandertal est encore présent aujourd’hui dans le génome d’une large part de l’humanité.
Comment se déroule le séquençage complet du génome de l’homme de Néandertal ?
Séquencer le génome de Néandertal signifie extraire l’ADN de restes fossiles en évitant les contaminations par l’ADN moderne. Plus simplement, il s’agit de lire la suite de lettres A-C-T-G -quatre types de bases nucléiques. Elle constituent les fragments d’ADN que l’on a extraits, puis mettre bout à bout ces fragments pour reconstituer l’ensemble du génome de Néandertal.
L’homme qui a trouvé la pièce principale du puzzle
« Les travaux de son équipe ont servi à confirmer qu’il y a environ 70 000 ans, une migration a eu lieu hors du continent africain, dont notre espèce est issue, et qu’il y a alors eu mélange génétique avec Néandertal. Ainsi, les humains actuels en dehors de l’Afrique ont reçu environ 2% de leur ADN de Néandertal.
Plus à l’est, les populations d’Asie et d’Océanie ont aussi dans leur génome une part variable d’ADN qui vient de Denisova.
La paléogénomique permet de comprendre les différences génétiques qui font de nous des sapiens plutôt que des néandertaliens en retraçant les adaptations passées. Il est passionnant de se rendre compte que nous sommes les descendants d’individus qui se sont adaptés dans le passé et qui, par chance, ont survécu. ».
Déclare Évelyne Heyer.
Une panoplie de récompenses couronnée par le Prix Nobel
En 1992, SVANTE PÄÄBO reçoit déja le Prix Gottfried Wilhelm Leibniz du Deutsche Forschungsgemeinschaft, qui est l’honneur le plus élevé attribué dans la recherche allemande.
Il reçoit ensuite le Prix Louis-Jeantet de médecine en 2005.
En 2007 Il est nommé dans la liste des 100 personnes les plus influentes par le Times.
Plus récemment, en 2018 Il reçoit le Prix scientifique européen Körber.