la Chine lance sa fusée réutilisable et rattrape SpaceX

Le 29 mai 2025, la Chine a franchi un nouveau cap technologique dans la conquête spatiale. L’entreprise privée Space Epoch a mené à bien un test impressionnant : le vol et l’atterrissage vertical contrôlé d’une fusée réutilisable baptisée Yuanxingzhe-1 (Explorer 1). Depuis une plateforme maritime située au large de la ville de Haiyang, dans la province du Shandong. Une manœuvre comparable à celle des célèbres Falcon 9 de SpaceX.

Pesant 57 tonnes et haute de 26,8 mètres, la fusée a atteint une altitude d’environ 2,5 kilomètres. Avant de redescendre et de réaliser un atterrissage vertical en mer.

Une avancée technologique stratégique

Ce vol d’essai aura duré 125 secondes. L’objectif ? Tester la capacité de la fusée à effectuer un vol propulsé, gérer sa descente et se poser de façon contrôlée. Résultat : un succès total, salué comme une étape déterminante pour le développement de lanceurs chinois réutilisables.

Mais au-delà de la performance technique, ce test marque une rupture. Il s’agit de la première récupération en mer d’une fusée chinoise. Jusqu’ici, les retours verticaux avaient surtout été simulés à terre. La mer introduit de nouvelles contraintes : stabilité de la plateforme, coordination du vol, gestion des conditions météorologiques.

Pendant ce temps, SpaceX ralentit

Face à cette montée en puissance chinoise, l’image de SpaceX, longtemps considérée comme intouchable dans le domaine de la réutilisation, commence à perdre un peu de son éclat. Si Elon Musk a réussi à démocratiser la récupération de fusées avec le Falcon 9, son projet phare — Starship, la fusée géante censée emmener des humains vers Mars — accuse plusieurs retards.

Depuis 2020, SpaceX enchaîne les tests de Starship, mais les vols se soldent encore trop souvent par des explosions ou des pannes techniques. Le quatrième vol d’essai en mars 2025 s’est certes mieux déroulé que les précédents, mais on est encore loin d’un engin certifié pour des missions interplanétaires.

Une stratégie de conquête plus discrète mais efficace

Contrairement à SpaceX qui mise sur la transparence et la communication grand public, la Chine, de son côté, avance avec moins de bruit mais plus de régularité. Les autorités ont annoncé que Space Epoch prévoit déjà des tests orbitaux avec retour contrôlé en mer d’ici fin 2025. Le but : disposer, d’ici 2026, de lanceurs partiellement ou totalement réutilisables pour des missions commerciales et institutionnelles.

Cette dynamique s’inscrit dans une stratégie plus large : offrir une alternative au monopole américain sur les lancements orbitaux, tout en renforçant la souveraineté technologique chinoise dans l’espace.

Le futur du spatial est peut-être déjà en mer de Chine

Avec ce test du 29 mai, la Chine vient clairement de signaler qu’elle entend jouer un rôle central dans le nouvel ordre spatial mondial. D’autant que d’autres entreprises chinoises comme LandSpace, iSpace ou Galactic Energy développent également des projets de lanceurs réutilisables.

Pendant que SpaceX s’acharne à faire décoller Starship vers Mars, la Chine construit méthodiquement son propre écosystème orbital, capable de rivaliser sur la durée.

L’espace n’est plus un terrain de jeu réservé à l’Occident. Il est en train de devenir un véritable champ de compétition géopolitique, et la Chine, sans tambour ni trompette, est déjà dans la course… et bien lancée.

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