Une révolution annoncée : un prototype chinois de puce IA analogique promet d’être 1 000 fois plus rapide que les meilleurs GPU numériques actuels.
Une course mondiale à la puissance de calcul
La domination de Nvidia sur le marché des processeurs d’intelligence artificielle pourrait être mise à l’épreuve.
Une équipe de chercheurs chinois de l’université de Tsinghua a présenté en octobre 2025 un prototype de puce analogique pour l’IA, capable — selon leurs calculs — de réaliser certaines opérations jusqu’à 1000 fois plus vite qu’un GPU Nvidia H200, tout en consommant beaucoup moins d’énergie.
La nouvelle, relayée par le South China Morning Post, a immédiatement enflammé la sphère technologique mondiale. Si elle se confirme, cette percée placerait la Chine à la pointe d’une nouvelle génération de processeurs non-numériques, redéfinissant la façon dont les machines apprennent et raisonnent.
Une puce “analogique” : comment ça marche ?
Contrairement aux GPU classiques, qui fonctionnent avec des transistors numériques (0 ou 1), cette puce chinoise repose sur une architecture analogique neuromorphique. Autrement dit, les calculs sont réalisés en variations de tension continues, proches du fonctionnement biologique du cerveau.
Avantage : les calculs matriciels massifs (ceux utilisés par les IA génératives comme GPT-5 ou Gemini 2) sont réalisés instantanément dans le silicium, sans passer par une séquence d’instructions logicielles.
Selon les auteurs, cela permet une réduction de la latence par 1 000 et une baisse de consommation énergétique de 90 % pour certains types de modèles d’apprentissage automatique.
Exemple : une tâche nécessitant 1 000 watts sur un GPU H200 ne demanderait qu’environ 100 watts sur cette puce analogique.
Une promesse encore expérimentale
Mais cette “révolution” reste théorique à ce stade :
- Le prototype testé ne contient que 256 cœurs analogiques, loin des milliards de transistors d’un GPU complet.
- Les algorithmes IA doivent être entièrement réécrits pour tirer parti de l’analogique.
- Le bruit électrique et la précision des calculs restent des défis majeurs.

En clair : cette puce excelle dans les opérations de réseau de neurones simples, mais pas encore dans l’entraînement complet de modèles complexes comme GPT ou Claude.
Un ingénieur du CNIC (China National Integrated Circuit) confie anonymement : « C’est une percée scientifique majeure, mais pas encore une solution industrielle. Il faudra cinq à huit ans avant de parler de production. »
Le contexte mondial : course à la souveraineté technologique
Chine : contourner les sanctions américaines
Depuis 2022, les États-Unis restreignent fortement l’accès de la Chine aux puces Nvidia A100, H100 et H200.
Ce prototype “made in China” s’inscrit dans une stratégie de contournement : développer des alternatives domestiques capables d’alimenter les supercalculateurs et les IA nationales sans dépendre des fournisseurs américains.
Pékin a déjà investi plus de 40 milliards de dollars dans le plan “Made in China 2030” pour les semi-conducteurs. Elle soutient des entreprises comme Birentech et Cambricon, qui visent à rivaliser avec Nvidia et AMD.
États-Unis : Nvidia reste le maître incontesté
Nvidia conserve une avance colossale sur le plan logiciel et écosystémique : CUDA, TensorRT et l’intégration avec les principaux frameworks IA (PyTorch, TensorFlow, JAX). Même avec une nouvelle architecture chinoise, sans compatibilité logicielle globale, il est quasi impossible de rivaliser à court terme.
En parallèle, Washington accélère son soutien à l’industrie nationale via le CHIPS and Science Act (52 milliards $ d’aides).
Les autres acteurs
- Russie : investit dans les architectures open-source (RISC-V) et vise des puces souveraines post-sanctions.
- Inde : collabore avec AMD pour des centres IA régionaux.
- Union européenne : mise sur le projet IPCEI Microélectronique et la filière franco-allemande (STMicroelectronics, SiPearl).
Résultat : 2025 marque une recomposition du paysage mondial des semi-conducteurs, où la souveraineté technologique devient un pilier stratégique autant qu’énergétique.
Quels enjeux pour l’IA mondiale
Si les performances de la puce chinoise sont confirmées, les impacts pourraient être considérables :
- Baisse du coût d’entraînement des modèles IA
- Réduction massive de la consommation énergétique des data centers
- Redistribution du pouvoir industriel entre les États-Unis, la Chine et l’Europe
Mais pour que cette révolution ait lieu, il faudra encore résoudre deux équations. D’abord passer du laboratoire à la production de masse et ensuite créer un écosystème logiciel mondial compatible.
Plus vite ne veut pas dire plus fort
Cette “puce 1 000× plus rapide” symbolise avant tout un tournant dans la guerre technologique mondiale. Nvidia reste le roi des GPU numériques, mais la Chine ouvre une autre voie : celle du calcul analogique, inspiré du cerveau humain.
Le futur de l’IA ne se jouera peut-être pas uniquement sur la puissance brute… mais sur l’intelligence du silicium.