Alors que le monde tente d’accélérer la transition énergétique, un vieux débat refait surface : faut-il miser sur le nucléaire, le solaire ou l’éolien ?
En 2025, les chiffres réels — et non les discours — redessinent les lignes. Voici les trois données qui suffisent à comprendre pourquoi la question mérite enfin d’être posée différemment.
Le coût du mégawatt-heure
- Nucléaire (EPR2) : ~115 €/MWh
- Solaire : 42 €/MWh
- Éolien terrestre : 48 €/MWh
👉 En dix ans, le solaire a divisé son coût par quatre. Le nucléaire reste plus cher à la construction, mais plus stable sur le long terme — et surtout, pilotable.
La disponibilité énergétique
En 2025, le nucléaire français fournit encore 62 % de l’électricité, contre 12 % pour le solaire et 11 % pour l’éolien.
Mais le facteur clé, c’est l’intermittence : le solaire produit 20 % de son potentiel annuel. L’éolien environ 28 %, quand le nucléaire reste disponible plus de 80 % du temps.
L’empreinte carbone
Le bilan reste serré :
- Nucléaire : 6 g CO₂/kWh
- Solaire : 45 g CO₂/kWh
- Éolien : 12 g CO₂/kWh
👉 Le nucléaire garde un avantage carbone net, mais le solaire compense par sa modularité et sa rapidité de déploiement.
Que font les grandes puissances énergétiques
La bataille du mix énergétique n’est plus seulement technologique : elle est géopolitique. En 2025, les grandes puissances ajustent leurs stratégies selon leurs ressources, leur démographie et leurs priorités climatiques.
États-Unis : pragmatisme et diversification
Les États-Unis investissent simultanément dans les petits réacteurs modulaires (SMR) et dans une expansion sans précédent du solaire.
- Le Inflation Reduction Act (IRA) a stimulé des milliards d’investissements privés dans le solaire et l’éolien, créant plus de 400 000 emplois verts.
- En parallèle, la Nuclear Regulatory Commission (NRC) a approuvé de nouveaux modèles SMR, notamment celui de NuScale, et un plan de prolongation du parc nucléaire existant jusqu’à 2050.
➡️ Objectif : neutralité carbone en 2050 sans dépendre d’un seul type d’énergie.
Chine : domination nucléaire et solaire
La Chine reste le premier constructeur de réacteurs nucléaires au monde (24 en construction en 2025) et le premier producteur mondial de panneaux photovoltaïques (plus de 75 % de la production globale).
- Le pays déploie un mix « dual » : des réacteurs Hualong One pour la base, et des fermes solaires géantes dans le désert de Gobi.
- En 2025, la Chine produit plus de 1 000 GW d’électricité renouvelable, soit davantage que toute l’Europe réunie.
➡️ Stratégie : sécuriser son autonomie énergétique et exporter sa technologie.
Russie : le pari nucléaire exporté
La Russie concentre ses efforts sur l’exportation de sa technologie Rosatom, notamment vers la Turquie (centrale d’Akkuyu), l’Égypte et le Bangladesh.
- Les sanctions occidentales ont ralenti certains projets, mais Rosatom conserve un portefeuille d’exportations de plus de 100 milliards $.
- Côté renouvelables, l’investissement reste marginal : moins de 3 % de la production électrique russe en 2025 provient du solaire et de l’éolien.
➡️ Vision : le nucléaire comme outil diplomatique et levier de puissance.
Inde : l’équilibre difficile
L’Inde multiplie les projets solaires géants (comme la ferme solaire de Bhadla, > 2,2 GW), tout en modernisant son parc nucléaire civil avec l’aide de la France et des États-Unis.
- Le pays a pour objectif d’atteindre 500 GW d’énergie renouvelable installée d’ici 2030.
- Mais la dépendance au charbon reste élevée (près de 60 % de l’électricité).
➡️ Stratégie : combiner rapidité du solaire avec fiabilité du nucléaire.
Union européenne : stratégie hybride et relance nucléaire
L’UE relance timidement le nucléaire après des années de désinvestissement.
- La France mise sur EPR2 et SMR.
- La Pologne, la Finlande et la République tchèque investissent dans des partenariats avec Westinghouse et EDF.
- L’Allemagne, elle, reste centrée sur l’éolien et l’hydrogène vert, malgré la fin de son parc nucléaire.
➡️ L’Europe cherche un équilibre entre souveraineté énergétique et neutralité carbone.
Le futur énergétique va être …
Les chiffres 2025 ne tranchent pas le débat : ils montrent que le futur énergétique sera hybride.
Les grandes puissances combinent nucléaire, solaire et éolien selon leurs atouts géographiques et industriels.
Le défi mondial n’est plus de choisir une énergie unique, mais de synchroniser les forces du réseau mondial pour éviter la panne… et la dépendance.